Projet d’établissement


Le projet d’établissement est une adaptation locale du projet pédagogique. On y retrouve donc les différents titres illustrés cependant de manière concrète par les réalités de notre école. Une illustration de ce projet est disponible via ce lien.

En cliquant ici, vous pourrez découvrir comment on vit la pédagogie Freinet à Humain.

1. Créer des dispositifs permettant la communication

Tout est communication, il est donc important pour les enseignants de prévoir un temps et un lieu…

  • On écrit pour être lu ou pour se relire
  • On parle pour être écouté
  • On lit ce que quelqu’un d’autre a écrit
  • On écoute ce que quelqu’un d’autre dit

Les dispositifs permettant la communication sont réfléchis avant la rentrée scolaire mais ils peuvent disparaître et/ou changer selon les nécessités et les besoins

Externe

Interne

Oral

  • Correspondance scolaire (cassette, film, téléphone)
  • Radio
  • «Super c’est vendredi»
  • Conseil de classe
  • Quoi d’neuf?
  • Coffre à secrets
  • Présentation de productions: peintures, textes libres
  • Débats

Ecrit

  • Correspondance scolaire (lettre, mail, blog)
  • Journal scolaire
  • Affiches
  • Textes libres
  • Boîte à secrets
  • Présentation de productions: peinture
  • Diverses planifications: tableaux des charges, horaire des journées, journal de classe

Gestuel

  • Super c’est vendredi
  • Spectacle
  • Saynettes

2. Favoriser l’autonomie progressive

L’autonomie des enfants pourrait se traduire par ce graphique qui montre qu’au début de sa scolarité à Humain, et particulièrement dans sa classe, l’enfant est fort accompagné par l’adulte. Ce n’est qu’au fil de l’année que la part de l’adulte dans la recherche de l’autonomie de l’enfant va diminuer.

Les enseignants doivent donc organiser leur classe et l’école, de manière très réfléchie et mettre à la disposition des enfants des outils leur permettant d’être de plus en plus autonome:

Organisation:

  • coins dans la classe
  • coins dans l’école
  • panneaux organisationnels
  • plannings individuels
  • plannings collectifs (permettant de visualiser ce qui a été fait)

Outils:

  • les conseils de classe
  • les brevets pour, par exemple, favoriser le tutorat
  • les fichiers (ce qui permet d’individualiser)  illustrations à placer
  • les permis
  • les contrats
  • le parrainage entre enfants

 


3. Fonder les pratiques de fonctionnement et d’apprentissage sur la coopération

Ce dessin à lui seul montre l’importance de la coopération…

 DessinCooperation

Dans notre école, la coopération est vécue de plusieurs manières :

  • Repas coopératifs : chacun amène 2 parts de repas : une pour lui, une pour quelqu’un d’autre
  • Activités proposées à 2 ou plusieurs :
  1. livres à réaliser
  2. défis
  3. théâtre
  • La gestion collective de la classe:
  1. le conseil pour s’occuper des activités et des relations,
  2. les responsabilités renouvelables chaque semaine (chacun fait tout et même parfois si on n’aime pas)
  • Parrainage (appelé compagnonnage en 1-2-3). Chez les petits de maternelle, le parrainage est vécu aussi comme un moyen d’aider l’institutrice, « qui ne sait être partout », à :
  1. mettre le manteau aux petits,
  2. donner le matériel nécessaire à telle ou telle activité,
  3. trouver son prénom,
  • Reconnaissance des compétences de chacun « Chacun connaît quelque chose ! Il peut apprendre à un autre et d’un autre »
  • Jeux de coopération : « J’en ai marre. J’aime pas trop quand il y en a un qui gagne ou qui perd. J’aime mieux quand tout le monde gagne ou tout le monde perd » (Sébastien)
  • Le cahier d’essayage rappelle que chacun peut se tromper, que nul n’est parfait et que donc on a du respect pour l’autre qui commet des erreurs. Celles-ci sont en effet sources d’échanges et de construction des savoirs.
  • Echanges, apprentissages mutuels comme, par exemples :
  • 2 enfants de 1ère année ont retravaillé le calendrier avec un autre,
  • un enfant de la classe maternelle a appris les lacets à un autre

4. Permettre l’expression

Dans un monde qui se dit démocratique, il est important de donner le pouvoir de dire, de se dire. Chaque enfant n’étant pas le même qu’un autre, n’ayant pas les mêmes conditions sociales ni pécuniaires, l’école doit pouvoir tenir compte de ces différences et mettre en place des stratégies pour que les enfants puissent se construire et se développer.

Que faire de la parole, de l’écriture, des peintures en plus de la reconnaissance minimaliste du « ça existe »

Ne rien faire, c’est être anti démocratique.

Place de l’adulte ?

  • Faire réfléchir sur…,
  • Proposer des travaux de recherches,
  • Accompagner d’autres pistes d’expression
L’expression orale
  • Le « quoi d’neuf » qui permet à chacun d’apporter ce qu’il vit (objets, paroles, …)(1)
  • Le coffre à secrets dans la classe maternelle
  • Le conseil pour lancer des projets motivant les apprentissages mais également pour gérer les relations au sein du groupe (2)
  • Le bilan
  • La radio scolaire
  • Le « Super c’est vendredi »(3)

 

L’expression écrite
  • Le texte libre(4)
  • Le journal scolaire
  • Le site Internet
  • Le moment personnel qui inclut des ateliers permanents de peinture
  • Le dessin d’enfant
  • La peinture
  • Le cahier d’histoires
  • L’expression libre
  • L’expression dirigée(5)
L’expression corporelle
  • Essayer de mettre les mots sur les gestes que les enfants font…(6)
L’expression graphique
  • Coin peinture(7)

(1) Exemple raconté par l’instituteur de 1ère,2e et 3e : « Clémence nous explique qu’elle était allée la veille chez un dermatologue. Ceci expliquait son absence. Elle nous raconte qu’elle n’aime pas sa peau rugueuse. Elle nous montre ses bras avec ses boutons et son menton grattés jusqu’au sang. Je ne peux m’empêcher de dire que la beauté n’est pas liée à la peau…

Deux jours plus tard, à un autre « Quoi d’neuf ? », Clémence nous montre les effets de la pommade miracle prescrite par le dermatologue : sa peau est douce et n’est plus remplie de peau morte qui se détache ! Quel sourire sur son visage… ! »

(2) Autre exemple tiré du « Quoi d’neuf de 1ère, 2e et 3e : « André nous avait proposé de visiter la poste où travaille son papa. La décision presque unanime avait été un accord. Mais le duo chargé de préparer la visite n’a rien mis en place pour qu’elle s’organise.

André revient avec sa proposition au conseil suivant. A la question de savoir qui est encore intéressé par cette visite, seuls 2 enfants s’engagent. A 2, ils ont pris les choses en mains : ils ont utilisé l’annuaire téléphonique et pris rendez-vous avec le percepteur ! Après avoir confirmé les modalités pratiques de visite avec ce dernier, j’ai donc accompagné ces 2 enfants pour leur visite de la poste… »

(3) Exemple d’une élève de la classe maternelle lors d’un « Super, c’est vendredi » : « Séverine présente à toute l’école un panneau réalisé en classe avec ses camarades sur les fusées et l’espace. Elle utilise le support pour dire ce qu’elle sait et ce qu’elle a appris. »

(4) Deux exemples de textes libres dans la classe de 5e :

a. « Dans mon texte libre, je ne sais pas quoi écrire. Alors je me dis : « Si je demandais l’avis de Lorie ? » mais quand je me lève, Lorie n’était plus là ! Alors je me suis dit tant pis. Mais tout à coup, monsieur Rémy nous interrompt, il dit que je dois faire 3 fiches de calcul, 2 fiches de lecture, 1 texte libre et un article de journal. Alors si vous compreniez bien, je ne saurais pas continuer donc il n’y aura pas de suite puisqu’il n’y a pas eu de commencement. »

b.  « Un texte san fautes

Moi je ne fai jamais de fautes parce ce je sui tro mallinne é persssone né plu maliine ke moa quart ge suie sui forte en tou é sourtou an ecriture a lordinateur je ne rate aucune céanse d’ecolee » (ce texte a bien sûr été ajusté par la suite…)

(5) Justine avait écrit un texte sur sa communion. Elle l’a présenté à la classe avant le « Super, c’est vendredi » (chaque quinzaine, les 3 classes de l’école se réunissent pour se présenter des infos, des réalisations,…). Les enfants l’ont refusé en tenant ces propos :

Ernestine :  On ne sait même pas ce qui s’est passé

Paulette :    On ne sait même pas si ça t’a plu… et tu ne dis que les noms des enfants

qui étaient avec toi

Il a donc fallu que Justine refasse son texte en fonction des critères émis…

En tant qu’adulte, on a la même exigence que les enfants vis-à-vis de la clarté d’expression (et cela envers chacun !) : les enfants de la classe de 1ère, 2e et 3e ont bien intégré cela, comme ils ont compris que le « Super, c’est vendredi » est leur carte de visite et qu’elle est une occasion de « dire ». S’il n’y a rien à exprimer, alors on ne présente pas : logique imparable ! Ccei ne nous empêche pas d’une part de féliciter ce qu’on apprécie et d’autre part de retravailler les textes… ce qui fut fait avec Justine !

(6) Conscients que l’expression corporelle est un parent pauvre de notre école, nous y prêterons une attention particulière dans un futur proche

(7) Exemple tiré de la classe maternelle : Germaine veut présenter aux autres une peinture qu’elle a réalisée lors d’un atelier (peindre son papa en utilisant la phrase « mon papa, c’est le plus … quand il … ») suite à une histoire. Elle montre sa peinture à tous puis explique : « mon papa est fort, il peut porter des caisses de fruits très lourdes et courir vite ». A ce moment, Louis lui fait remarquer « Oui mais ton bonhomme a les jambes beaucoup trop grande par rapport à la tête »… et Germaine répond : « Non, c’est normal puisqu’il court vite et c’est pour montrer qu’il peut porter les caisses dans son grand camion… »


5. Différencier les apprentissages

 

La différenciation des apprentissages, c’est passer par le fait que chacun des enfants, quelles que soient ses facilités (un enfant peut être plus compétent en français et moins en mathématique, etc.), trouve dans le travail proposé sa propre nourriture pédagogique.

Par ailleurs, on perçoit ici la richesse de la classe multiple (plusieurs années dans une seule classe d’où différenciation inévitable).

A Humain, la différenciation se vit de ces manières-ci :

  • lecture en 1-2-3 : 3 groupes de lecture dont les compétences respectives ont été annoncées. Pour pouvoir passer d’un groupe à l’autre, il faut obtenir un brevet, aboutissement d’entraînements divers…
  • le moment personnel quotidien qui permet à l’enseignant d’être plus proche d’enfants qui éprouvent certaines difficultés
  • individualisation du travail par des fichiers autocorrectifs et progressifs
  • utilisation d’un tableau d’avancement pour les fiches individuelles travaillées
  • motivation des apprentissages : chacun apporte son vécu en classe (par le quoi d’neuf par exemple), celui-ci constituera la base du travail au point de vue de la mathématique et de la langue française
  • respect des processus mentaux des enfants : on apprend avec les yeux, les oreilles et les gestes d’où variation des modes d’apprentissage et de transmission des consignes : les consignes peuvent être écrites ou dites, on apprend à utiliser sa vue, on monte les escaliers en comptant, on utilise du matériel pour divers apprentissages…
  • regroupement des enfants d’un même niveau pour certaines activités.
  • choix d’activités… pourvu que ce choix respecte les règles : activités obligatoires ou facultatives, seul ou à plusieurs, données orales ou sur un tableau…, etc.
  • les projets au service des apprentissages.

6. Inscrire les évaluations tout au long des apprentissages

L’évaluation est considérée comme un arrêt sur image.

Classes primaires

Classes maternelles

  • Chaque vendredi, on évalue le travail personnel effectué. C’est le moment de verbaliser ce qu’on a fait, comment, quelle quantité pour reprogrammer la semaine suivante et particulièrement la remédiation dans les moments personnels
  • Le bilan en fin de journée (chacun s’exprime sur ce qu’il a fait)
  • Le Quoi d’neuf pour annoncer ce qu’on fera
  • Comme dans chaque école, il y a en fin de parcours une évaluation certificative et en fin de chaque cycle une évaluation externe sommative
  • Les fiches tests dans les différents fichiers
  • Mise en place de brevets
  • Appel aux personnes-ressources (logos, PMS,…)
  • Pour l’année prochaine, il sera testé une page par quinzaine à signer par tous : auto évaluation des élèves + commentaires de l’instit’

 

  • une fois par quinzaine, la préparation du « Super c’est vendredi » permet de voir ce qui a été appris, ce qui a changé, ce qui a été décidé durant les 2 dernières semaines
  • fiches d’avancement à compléter pour les 2e et 3e
  • échéances de travail pour les 3e avec contrôle par l’enseignante des compétences qui peuvent être transférées
  • travail en collaboration avec le PMS pour les 3e

Réflexions…

  • Attention à la dérive : « Tu fais un pas, on le mesure, un autre pas on le mesure, etc…. cela devient la démesure » (P. Le Bohec)
  • Attention à ne pas proposer de modèle auquel l’enfant est censé correspondre aux différents stades de son apprentissage

 

7. Inclure les élèves autant que faire se peut dans la gestion de la vie de groupe

… même si on doit vivre certaines frustrations !

  • Importance de l’attitude « démocratique » de l’enseignant : il ne peut être autoritaire ou laisser faire… ce qui n’est pas facile vu son mandat de garant d’exigences extérieures (le programme) et vu son statut d’adulte…
  • La considération des projets émanant des enfants
  • L’importance des outils et de leur multiplicité :
  1. Tableaux
  2. Rappels divers
  3. Organisation matérielle
  4. Parrainage
  5. Brevets (établissement de conditions pour être responsable…)
  6. Les responsabilités
  7. Le conseil
  8. Les délégués (… vers l’extérieur de la classe)
  9. Le « responsable de la classe » (…vers l’intérieur de la classe)

8. Proposer une pluralité d’approches et d’outils

  • Les groupes-classes composés de différentes années impliquent inévitablement une diversité d’outils
  • Durant les « Quoi d’neuf » ou les conseils, on parle de personnes-ressources à inviter pour aider à la réalisation d’une tâche (par exemple peindre ou dessiner) ou à la compréhension d’un fait historique, d’un phénomène naturel ou d’une quelconque notion
  • Rôle de l’enseignant pour inciter à la recherche, proposer plusieurs occasions de vivre une compétence ou proposer aussi quand cela est nécessaire différentes pistes de travail, des étapes à suivre.
  • Le respect des processus mentaux (enfants visuels, auditifs, kynesthésiques) est également pris en compte (voir « Différencier les apprentissages »)
  • Projet école-culture : esprit d’ouverture sur l’extérieur