Projet pédagogique


Freinet (1896-1966) a été un des premiers pédagogues à proposer une vision différente de l’école. Il place au centre de sa vision le respect de l’individualité de l’élève et le respect de la communauté, l’individu étant partie intégrante de la communauté et les deux formant un tout solidaire.

Pour lui, l’école ne vise donc pas seulement la transmission des savoirs, mais bien plutôt l’épanouissement du potentiel individuel de chaque enfant et de son devenir de citoyen solidaire et responsable.

Au niveau des apprentissages, Freinet part de trois préceptes :

  • chaque enfant est animé d’un désir naturel d’apprendre,
  • c’est parce qu’un apprentissage a un sens pour lui qu’un enfant se mobilise pour apprendre,
  • c’est par essai/erreurs qu’un enfant progresse.

Sa pédagogie forme un tout cohérent. Il veille à s’assurer qu’à chaque valeur, principe ou précepte correspondent des pratiques, des méthodes, des outils qui permettent de les concrétiser.

Au niveau pédagogique, la valeur de respect de l’individualité demande d’aborder l’enfant dans sa globalité (respect de son rythme, de ses questions, de ses potentiels, de ses difficultés, etc.), c’est-à-dire :

  • permettre l’expression,
  • partir des intérêts, questions et motivations de l’enfant pour développer les activités,
  • différencier les apprentissages,
  • favoriser l’autonomie progressive,
  • proposer une pluralité d’approches et d’outils,
  • inscrire les évaluations tout au long des apprentissages,

et la valeur de respect de la communauté implique de faire de l’école un lieu d’apprentissage de la vie en groupe en se basant sur le principe de solidarité :

  • créer des dispositifs permettant la communication,
  • inclure les élèves autant que faire se peut, dans la gestion de la vie de groupe,
  • fonder les pratiques de fonctionnement et d’apprentissage sur la coopération.

Dans la pratique, ces objectifs se déclinent au travers de méthodes, activités et dispositifs spécifiques. En même temps, une même activité peut recouvrir plusieurs objectifs…

 

Respect de l’individualité

Permettre l’expression

C’est par l’expression que l’enfant dit ce qu’il est, ce qu’il veut et, de là, développe pleinement ses capacités. Cette expression passe par différents dispositifs, par exemples :

  • l’expression libre : le maître ne donne pas de consignes pour le travail, on laisse le temps aux enfants de dire et se dire, par le mode d’expression qui leur convient le mieux, en limitant le plus possible les contraintes qui risqueraient de restreindre cette expression (textes, peinture, expression artistique, …)
  • les moments de parole (coffre à trésors, quoi d’neuf, super le vendredi, les conseils, les bilans): c’est un lieu de parole libre pour dire ses intérêts, ses désirs, ses problèmes, etc.

Partir des intérêts, questions et motivations de l’enfant pour développer les activités que l’adulte organise ou laisse les enfants organiser entre eux. C’est ainsi que naissent des projets collectifs et/ou individuels… qui auront un sens pour les enfants.

Différencier les apprentissages

Chaque enfant étant différent dans ses intérêts, aptitudes, attitudes, etc., il s’agira d’être attentif à sa manière d’apprendre, en rapport avec ses difficultés et en tenant compte bien sûr des socles de compétences définis par la Communauté française.

Favoriser l’autonomie progressive

Un des objectifs poursuivis dans toutes les activités est d’amener progressivement l’enfant à l’autonomie tant en matière d’organisation de son travail (plan de travail quotidien ou hebdomadaire) que par rapport à ses méthodes (identification et utilisation des outils et/ou personnes ressources), à sa vie sociale (gestion des difficultés dans le conseil de classe, conseil d’école, etc.)

Proposer une pluralité d’approches et d’outils

Dans la mise en œuvre des projets, il s’agit d’organiser le travail, surtout le travail de groupe en concertation avec les enfants. Il faudra aussi identifier les ressources, connaissances, etc. nécessaires pour réaliser le projet. L’enseignant veillera à ce que les enfants puisse accéder à ces ressources et saisira l’occasion du projet pour transmettre des connaissances et proposera ses habiletés. Lorsque ce sera nécessaire, les enfants auront également recours à des personnes-ressources extérieures ou intérieures à l’école.

Inscrire les évaluations tout au long des apprentissages

L’évaluation n’a de sens que si elle est continue et qu’elle s’inscrit dans l’acte d’apprendre. C’est un arrêt sur image à différents moments des processus d’apprentissage.
L’évaluation se base sur des objectifs qui ont été définis en termes d’acquisitions de connaissances et compétences, de progrès, de démarches, d’attitudes face au travail, de fonctionnement dans le groupe. Mais tout au long du processus d’apprentissage, des moments privilégiés permettent un réel partage entre l’enseignnat et l’enfant dans la recherche de stratégies nouvelles pour dépasser ses difficultés.

Respect de la communauté

Créer des dispositifs permettant la communication
… et le développement de l’esprit critique face aux réalités culturelles et politiques de la société

L’expression perdrait une partie de sa substance si elle n’avait jamais de destinataire, si elle n’était pas communiquée. On vit en communauté, il s’agit donc d’échanger.
On affine son expression pour qu’elle soit comprise des autres, on communique pour s’affirmer et être reconnu, l’expression des autres va influer sur notre propre regard. C’est aussi s’intéresser aux autres, à ce qu’ils font et ce qu’ils peuvent nous apporter.

Mais, pour communiquer, il faut un langage commun. De là, la nécessité d’apprendre à parler, à enrichir son vocabulaire, à lire (pour apprendre ce qu’écrivent d’autres), à écrire (pour être lu), à utiliser les nouvelles technologies, etc.

Les rencontres du matin, les conseils de classe sont des lieux où les enfants apprennent à communiquer, échanger, critiquer, proposer, élaborer des solutions en commun.

Inclure les élèves autant que faire se peut, dans la gestion de la vie de groupe

L’école est organisée également autour des conseils de classe et d’école. Ce sont des lieux démocratiques qui donnent un réel pouvoir aux enfants, dans des limites clairement définies et sans que les adultes ne soient dépossédés de leurs responsabilités.
Le conseil de classe permet de gérer les relations, d’influer sur l’organisation du travail, de l’espace, du temps, de dégager des priorités, de solutionner des conflits, d’évacuer des stress personnels, d’émettre des envies, de râler, de féliciter… Le rôle de l’enseignant est d’être le garant du groupe, de veiller au respect de chacun, à la faisabilité et au respect des décisions prises.
La pédagogie Freinet est une pédagogie engagée qui repose sur une certaine vision de l’enfant et de la société. Choisir d’enseigner, d’apprendre, de confier son enfant à une école Freinet implique donc de refuser cette vision particulière qui voudrait que seuls le savoir théorique et la compétition permettraient de s’en sortir dans le monde actuel.

Fonder les pratiques de fonctionnement et d’apprentissage sur la coopération.

L’homme est  » fait  » pour vivre en groupe…
On se fait aider par d’autres, on tâtonne avec eux, on partage les tâches (rangement, nettoyage, etc.). La coopération fait éprouver la solidarité, facilite les apprentissages et permet de réaliser davantage que ce qu’on aurait pu faire seul…